Santo Antao (Cap Vert), terre de contrastes
Julien Charreau et Raphaël Pik.
L’archipel du Cap Vert est situé dans l’Atlantique Nord au niveau des Tropiques, ~500 km au large des côtes sénégalaises et mauritaniennes. Il est constitué par dix grandes îles volcaniques associées à de nombreux ilots secondaires. Il appartient à la plaque africaine et s’est développé depuis l’Oligocène, probablement à l’aplomb d’un point chaud au niveau de la ride du Cap Vert. L’archipel est toujours très actif puisque la dernière éruption majeure connue date de 1995 sur l’île de Fogo. Les îles ne sont réellement vertes que lors de la saison des pluies et uniquement dans les régions sous le vent. L’essentiel de l’archipel reste en effet aride et ce pays tire en réalité son nom d’une analogie à la presqu’île du Cap Vert située au Sénégal et non en raison d’une végétation luxuriante.
L’archipel du Cap Vert, initialement inhabité, fut découvert par les Portugais en 1456 puis visité par de nombreux voyageurs illustres comme le pirate Francis Drake ou Charles Darwin. Mais son développement et sa colonisation sont surtout liés à la traite des esclaves puisqu’il représentait une étape importante sur les routes maritimes depuis l’Afrique.
Santo Antao est la deuxième plus grande île de l’archipel. Elle fut découverte par le navigateur Diogo Afonso le 17 janvier 1462 et tire son nom de cette date qui est le jour de la fête de Saint Antoine. Elle est située à l’extrême Nord-ouest de l’archipel et s’est probablement développée depuis 7.6 Ma. Elle est constituée par trois centres volcaniques majeurs avec d’Est en Ouest : Cova, Cha de Morte et Tope de Coroa qui ont produit au cours du temps essentiellement des laves de type néphélites et basanites à phonolites. L’île présente actuellement des reliefs importants avec pour sommet le Topo Da Coroa culminant à 1979 m et un large plateau aux altitudes >1200 m dans sa partie orientale. Elle représente ainsi une barrière orographique majeure qui compartimente fortement les précipitations qui se concentrent essentiellement au NE sur la côte sous le vent (> 1000 mm/yr) et sur le plateau en haute altitude, alors que la partie SO de l’île qui est abritée présente une aridité prononcée. Ceci se traduit par des vallées luxuriantes et propices à l’agriculture au NE contre des vallées extrêmement arides et désertiques sur la pointe SO de l’île.
Pour permettre la communication et le transport au travers de ces reliefs escarpés de nombreuses routes pavées sillonnent l’île. Elles ont été construites par les esclaves et représentent un emblème et une fierté pour les habitants de cette île. Elles sont aujourd’hui conservées, entretenues et même reproduites à l’identique sur de nouveaux tracés, l’ensemble faisant le bonheur des randonneurs.