Labrador, expédition en terre Inuite
Yumi Kitayama, Emilie Thomassot et Adrien Vézinet.
Depuis la formation de notre planète, il y a environ 4,5 milliards d’années, sa surface a vécu de nombreuses modifications et a été maintes fois régénérée. Les vestiges de la croûte terrestre primitive, témoins directs de la surface de notre jeune Terre, sont extrêmement rares. Les plus anciens (soit environ 3,8 milliards d’années) sont connus en domaine subarctique à l’ouest du Groenland (Isua) et sur les bords de la Baie d’Hudson au Nunavik (Nuvvuagittuq).
Au mois de Juillet 2012, notre équipe du CRPG s’est rendu au Nunatsiavut, à l’extrémité nord de la Province de Terre-Neuve-et-Labrador, sur la côte Est du Canada, dans le but de cartographier et échantillonner d’autres fragments de ce puzzle encore très incomplet. La destination de ce voyage, caractérisée par son inaccessibilité et ses conditions climatiques rudes, en a fait une expédition particulière…
Le Nunatsiavut, (notre beau pays en Inuktitut) est un territoire Inuit autonome. Sa côte comptait au XIXème siècle, plusieurs villages établis par des missionnaires moraves, venus de l’est de l’Allemagne, évangéliser les population locales. En 1959, ces villages ont été évacués par le gouvernement canadien dans un contexte géopolitique de guerre froide qui faisait de cette côte un lieu militaire stratégique. Il n’existe plus, aujourd’hui, de village au Labrador septentrional ni d’infrastructures permettant d’assurer la logistique d’une mission scientifique. C’est donc par la route, un trajet d’environ 2000 km de Montréal à Cartwright, dont 1400 km sur piste gravillonnée que nous avons atteint le petit port de Cartwright pour y rejoindre Sebastien Roubinet, Anne-Lise Vacher-Morrazzani et leur petite fille Anouk, tous trois navigateurs aguerris aux voyages en région arctique. A bord de la V’limeuse, leur voilier en acier de 14 mètres, nous sommes remonté sur plus de 600 miles le long de la côte majestueuse du Labrador, jusqu’au fjord de Hébron et à la baie de Saglek où notre équipe a séjourné plusieurs semaines afin d’y effectuer un travail de terrain passionnant, à la recherche des plus vieilles roches du monde.