Mission Groenland pour l’équipe de Green2Ice
Photographies : Louise Crinella Morici & Charlotte Prud’homme
En 1992, le forage historique de la carotte de glace GRIP (Greenland Ice Core Project), situé au centre du Groenland, avait atteint 3022 mètres de profondeur, juste au-dessus du socle rocheux, sans toutefois l’atteindre. Abandonné depuis plus de 30 ans, ce site est aujourd’hui au cœur du programme européen ERC Synergy Green2Ice (2023–2028), coordonné par le Danemark, la Belgique et la France. L’un des objectifs majeurs de Green2Ice est de réutiliser le forage GRIP pour y percer une nouvelle carotte, NewGRIP, en 2026. Cette fois-ci, l’ambition est d’atteindre les sédiments sous-glaciaires, véritables archives du passé, indispensables pour déterminer quand et combien de temps le Groenland a été libre de glace pour la dernière fois.
Le 7 juin 2025, une étape cruciale a été franchie : l’équipe scientifique a réussi à localiser et retrouver le tube de forage original. À partir d’anciennes cartes et de mesures radar menées dès 2024, les chercheurs ont identifié les structures d’un camp abandonné depuis 33 ans. Un dôme de forage, repéré à 8 m de profondeur sous la glace, a ensuite été dégagé à l’aide d’une dameuse : le tube de forage, intact, a pu être retrouvé à 4,5 m sous la surface. Une découverte décisive qui ouvre la voie à NewGRIP.
Lors de cette mission, Louise Crinella-Morici (doctorante au CRPG sous la direction de P.-H. Blard, C. Prud’homme et Y. Marrocchi) a représenté le CRPG et le CNRS au sein de l’équipe logistique. Après 7 jours de traversée et 340 km parcourus sur la calotte glaciaire, l’équipe a atteint le site de GRIP le 27 juin 2025 et a installé un nouveau camp jusqu’au 17 juillet 2025. Grâce à ce travail, le forage de NewGRIP pourra commencer dès 2026, avec plusieurs années gagnées par rapport à un carottage classique depuis la surface.
En parallèle, Charlotte Prud’homme a mené une autre mission avec Green2Ice et CryoEco (équipe tchèque). Arrivée à Kangerlussuaq le 16 juillet 2025, elle a rejoint le glacier Issungata sermia dès le 19 juillet. Après une longue journée de marche, chargée de lourds sacs à dos, et l’installation d’un campement au front du glacier, elle a pu procéder pendant plusieurs jours à l’échantillonnage de sédiments sous-glaciaires et fluviaux.
Ces prélèvements seront analysés dans le cadre de la thèse de Louise, qui vise à mieux comprendre la dynamique de la calotte groenlandaise en déterminant la nature et l’origine de ces sédiments basaux.

































