Description

La surface de notre planète a fortement changé depuis la formation de son atmosphère primitive voilà environ 4,5 milliards d’années. Cette évolution s’est faite sous l’action combinée des forces tectoniques, du dégazage mantellique, de l’activité et de l’évolution biologique et des cycles géochimiques. Cette évolution de composition chimique du système océan-atmosphère est intimement liée à l’évolution du climat sur Terre, notamment via le contrôle de la concentration des gaz à effet de serre comme le CO2 dans l’atmosphère.

Les questions environnementales, l’étude des cycles biogéochimiques et de leur rôle dans le contrôle de la composition du système atmosphère-océan sont des questions cruciales et urgentes alors que les sociétés humaines sont soumises à de nombreuses menaces environnementales parmi lesquelles le réchauffement climatique, les perturbations de la biodiversité ou la pollution de l’air et de l’eau. A l’heure où le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) tirent de multiples sonnettes d’alarme indiquant que l’humanité, plus précisément les sociétés thermo-industrielles, mettent en danger l’habitabilité de notre planète pour les humains et de nombreux écosystèmes, les projets portés par CYCLA ont pour but de :

(i) quantifier l’impact des activités humaines sur les environnements de surface (zone critique, atmosphère, rivières, cryosphère) et les cycles naturels modernes,

(ii) développer de nouvelles approches pour contraindre l’évolution du cycle du carbone, de la cryosphère et du climat du Néogène à l’Holocène, via notamment le projet ERC Green2Ice

(iii) caractériser l’évolution des environnements de surface et notamment du système océan-atmosphère au cours des temps géologiques anciens. Dans la lignée précédente du thème et en accord avec la philosophie et les recommandations des prospectives transverse de l’INSU, CYCLA traite des processus et des objets sans contraintes temporelles de l’actuel à l’Archéen.

Haut : Lac Tauca (vue d'artiste, E. Mazaré) Bas : Paysage actuel du Salar de Uyuni (photo P.-H. Blard), Altiplano, Bolivie
Haut : Lac Tauca (vue d'artiste, E. Mazaré) Bas : Paysage actuel du Salar de Uyuni (photo P.-H. Blard), Altiplano, Bolivie Articles associés : Martin et al., Sc. Advances, 2018; Martin et al., QSR, 2020

Les chercheurs et chercheuses du thème Cycles, Atmosphère, Climats (CYCLA) s’intéressent donc à l’évolution de la composition du système océan-atmosphère à grande échelle de temps (de l’Archéen à nos jours), au cycle du carbone, actuel et ancien et à celui des éléments associés comme le magnésium, le soufre ou encore le calcium. Des glaciers aux terrains archéens, en étudiant des échantillons de rivière, des forages IODP, des pollens ou des boules de pétanques, en utilisant des isotopes et d’autres outils géochimiques, nous nous efforçons de définir ce qui contrôle le climat et l’environnement à différentes échelles de temps, des premiers jours de la Terre à la dernière déglaciation, lorsque les dinosaures ont disparu ou que nous faisons face aux défis d’aujourd’hui.

Ainsi, de nombreuses recherches portent sur le rôle joue par l’érosion et l’altération des chaînes de montagne, notamment l’Himalaya, dans les cycles du carbone et des éléments. Ensuite, pour permettre l’étude des variations climatiques plus récents, l’étude des glaciers de montagne apporte des informations indispensables sur l’évolution des climats continentaux. Pour finir, CYCLA s’intéresse également à de nombreux aspects de l’influence humaine sur l’environnement et les cycles élémentaires par la pollution, notamment liée aux métaux. Les travaux des membres de CYCLA s’inscrivent dans de nombreuses collaborations au sein d’OTELo ou d’autres laboratoires, en France comme à l’étranger.

CYCLA participe activement au Livre Blanc Paléoclimat et Paléoenvironnement.

POUR EN SAVOIR PLUS

Membres impliqués : Christophe Cloquet, Guillaume Paris

L’objectif dans ce thème est de documenter l’impact des activités humaines sur la zone critique. En effet, les activités anthropiques perturbent le cycle biogéochimique des éléments. Pour cela, nous allons poursuivre la recherche menée sur le traçage de source dans l’environnement visant à développer et optimiser des outils capables de discriminer les différentes origines naturelles et anthropiques mais aussi les différentes sources anthropiques entre elles dans contextes environnementaux variées (métaux, soufre, notamment). Afin de mieux contraindre le traçage, il est indispensable de bien connaître les mécanismes affectant les éléments et notamment ceux pouvant avoir un impact sur leur composition isotopique, celle-ci étant largement utilisée dans le cadre de nos recherches.

Nous nous attachons particulièrement à l’étude des métaux, principalement des métaux lourds qui ont un effet néfaste important sur l’homme et son environnement. Des études sur les sédiments et leur dispersion dans le système de l’Orne, un affluent de la Moselle particulièrement impacté par l’activité anthropique et industrielle, ont débutés et seront poursuivis les prochaines années en partenariat avec l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse et dans le cadre de la Zone Atelier Moselle.

Les métaux lourds ne sont pas notre unique intérêt, nous poursuivons les études menées avec les isotopes du Nickel afin de mieux comprendre son cycle biogéochimique et les processus l’affectant, particulièrement dans les milieux ultramafiques et plus spécifiquement en nouvelle Calédonie qui est l’un des principaux fournisseurs de Ni au monde. L’utilisation des isotopes des métaux et du soufre dans les organismes vivant afin d’évaluer et de comprendre l’origine et l’impact sur le compartiment biologique a été débutée et sera poursuivie en collaboration avec le LIEC.

Nous envisageons le développement de nouveaux systèmes isotopiques pouvant apporter des réponses complémentaires aux processus affectant le cycle des métaux et pouvant altérer leur composition isotopique, par exemple pour des éléments tel que l’étain pouvant être analogue au mercure (anomalie dans l’abondance isotopique et formation de groupement methyl sont attendues).

Enfin, un volet d’étude porte sur le cycle du soufre atmosphérique avec à la fois l’analyses d’aérosols en milieu urbains et naturels pour comprendre les conséquences du réchauffement climatique sur la circulation atmosphérique au-dessus de Delhi et l’analyse d’échantillons de carotte de glace en collaboration avec l’ISTerre de Grenoble.

Membres impliqués : Pierre-Henri Blard, Albert Galy, Christian France-Lanord, Guillaume Paris, Laurie Reisberg,

A l’échelle du Néogène, les processus géodynamiques exercent un contrôle de la teneur en CO2 de l’atmosphère et de la température à la surface de la Terre. Cependant, il demeure des controverses sur les importances relatives du volcanisme, source deCO2 et de l’orogenèse, puit de CO2 atmosphérique via l’altération et l’enfouissement de carbone organique. A l’inverse, l’oxydation de la pyrite lors de l’altération génère de l’acide sulfurique qui contribue comme source d’acidité à limiter la consommation de CO2. Le cycle du soufre est donc un acteur dans la régulation du CO2 atmosphérique sur le long terme. Enfin, un autre élément important contribue à l’évolution du climat : l’évolution et la stabilité de la cryosphère, un volet particulièrement important dans la compréhension des rétroactions mises en jeu par le réchauffement climatique anthropique.

Altération et cycles des éléments

Le bassin Himalayen peut être le facteur déterminant qui a conduit à la baisse durable des concentrations de CO2 atmosphérique, car l’intensité des processus d’érosion associés y est suffisamment importante pour infléchir l’équilibre global du carbone. Notre équipe a largement contribué à évaluer les flux actuels sortant et entrant de carbone atmosphérique sur le système himalayen. Les forages IODP 354 sur le cône du Bengale réalisés en 2015 (France-Lanord et al, 2015) ont permis pour la première fois d’évaluer les flux d’enfouissement de carbone organique et d’altération de silicates sur l’ensemble du Néogène et donc de quantifier l’effet himalayen sur le bilan global à long terme (thèse en cours d’Aswin Tachambalath). Cette approche sera également appliquée à des échelles de temps plus courtes, en particulier dans l’optique de déterminer si les variations climatiques quaternaires et les cycles glaciaire-interglaciaire modulent l’impact de l’érosion et l’altération himalayenne sur le cycle du carbone (ANR GI-NOAH). Enfin, et à l’échelle du Néogène comme à celle du Quaternaire, l’analyse de processus d’érosion-altération-export de matière organique en fonction de l’intensité de la mousson apportera des informations clefs sur la réponse des systèmes d’érosion aux variations environnementales. Au-delà de l’exploitation des archives sédimentaires du cône du Bengale, nous poursuivons des recherches ciblées en Himalaya pour évaluer certains processus d’altération. Cela touche plus particulièrement l’évaluation des processus d’altération via l’oxydation des sulfures, l’altération des carbonates et la quantification de l’altération sur les bassins sur lesquels nous avons acquis des chroniques temporelles au Népal central.  

Une comparaison de l’importance des processus d’érosion entre un régime clair de mousson (flanc sud de l’Himalaya et le cône du Bengale) et un régime climatique plus aride (flanc nord et nord-est du plateau du Tibet) sera réalisée par une comparaison des résultats des forages IODP 354 et des enregistrements sédimentaires des bassins de Linxia, Xining et Qaidam en collaboration avec l’Institute of Tibetan Plateau Research de l’académie des Sciences chinoise. Le rôle du soufre dans l’altération est également important, tant au niveau de l’Himalaya que des autres chaines de montagne. Des projets sont en cours en collaboration et vont se poursuivre avec l’ETH et le GFZ Potsdam pour mesurer les isotopes du soufre dans les rivières de l’Himalaya ou des Alpes pour comprendre la part de l’oxydation de la pyrite dans la constitution de la charge dissoute des rivières et ainsi mieux estimer la consommation de CO2 mise en jeu lors de l’altération des silicates et des carbonates. De même, l’analyse des isotopes multiples du soufre sur un grand nombre d’échantillons de rivières aidera à mieux contraindre le cycle du soufre à grande échelle.

Stabilité des calottes glaciaires

Une grande question, tant sur le plan scientifique fondamental que pour l’avenir de nos sociétés, est de mieux comprendre la stabilité des calottes glaciaires dans des conditions climatiques plus chaudes que celles de la période préindustrielle. Les modèles numériques permettent de proposer des scénarios, mais ceux ci comportent de grandes incertitudes, que ce soit pour la vitesse ou l’amplitude de la fonte de la calotte du Groenland et de l’Antarctique à l’horizon 2100 (GIEC, AR6). Un moyen de progresser sur cette question est d’utiliser les carottes de glace pour reconstruire le volume de glace du Groenland et de l’Antarctique lors des épisodes interglaciaires passés, en particulier au cours des périodes qui étaient de l’ordre de 1.5°C (Eemien, 125 ka) à 3°C (Pliocène) plus chaudes que la période préindustrielles. Via son expertise sur les nucléaires cosmogoniques, qui permettent de dater l’absence et la présence de glace sur un substratum rocheux, le CRPG participe à plusieurs projets internationaux visant à exploiter la base des carottes glaciaires pour reconstruire le volume du Groenland au cours du temps: Projet NSF financé sur la matériel sous glaciaire de Camp Century (PI. P. Bierman) ; Projet H2020 Beyond Epica Oldest Ice (PI C. Brabante, PH Blard co chair du consortium « glace basale et géologie »; Projet ERC Synergy soumis (coPIs PH Blard, D. Dahl-Jensen and F. Fripiat); Projet ANR TOBE (co PI F. Parrenin, PH Blard, M. Baroni). CYCLA s’inscrit ainsi dans deux projets d’envergure à l’échelle européenne et mondiale : les projets Byrd et BEYOND EPICA OLDEST ICE.

Eruption du Toba

Enfin, un dernier projet porte sur l’étude des conséquences du volcanisme du Toba (dépôt d’un projet ANR). La super-éruption du Young Toba Tuff (YTT, Sumatra,-74 ka) a sans doute accéléré l’entrée dans la dernière glaciation. La quantité et la dynamique des émissions de soufre demeurent une question critique, essentielle pour établir les conséquences climatiques d’une éruption par le biais du rôle de refroidissement des aérosols sulfatés. Le CRPG contribue en contraignant les conséquences des émissions de soufre du Toba en analysant le δ34S d’échantillons monospécifiques de foraminifères planctoniques, et également en contribuant à l’analyse d’échantillons de carotte de glace pour comprendre l’éventuel devenir stratosphérique des émissions du Toba, ce qui peut se retrouver en analysant les signatures dites « indépendantes de le masse » des isotopes du soufre.

Membres impliqués : Pierre-Henri Blard, David Bekaert, Charlotte Prud’homme

A l’heure du réchauffement climatique, comprendre l’histoire du climat est une question centrale pour l’évolution de nos sociétés et des écosystèmes terrestres. Les chercheurs du thème CYCLA s’intéressent particulièrement à l’évolution des températures à la surface des continents, et ce pour trois raisons. Tout d’abord, le réchauffeement est plus rapide à la surface des continents. Deuxièment, il existe un déficit de données à la surface des continents, et troisièremement, c’est là que vivent les humains.

CYCLA s’investit donc dans cette recherche en développant de nouveaux proxies pour quantifier les variations de température et de précipitation et pour identifier des points de bascules climatiques éventuels.

Paléotempératures et paléoprécipitations européennes et eurasiatiques

Dans le cadre de la Chaire de Professeur Junior en géochimie environnementale, David Bekaert va développer l’utilisation de la composition isotopique des gaz rares présents dans les eaux souterraines pour reconstruire les températures et les précipitations au cours depuis le dernier maximum glaciaire (environ -20 000 ans), du Nord au Sud de l’Europe.

Par ailleurs, Charlotte Prud’homme va développer l’utilisation des granules de calcites produits par les vers de terre comme traceur paléoclimatiques. Pour cela, différents chantiers sont en cours dans les loess eurasiatiques.

Stabilité des calottes glaciaires

Une grande question, tant sur le plan scientifique fondamental que pour l’avenir de nos sociétés, est de mieux comprendre la stabilité des calottes glaciaires dans des conditions climatiques plus chaudes que celles de la période préindustrielle. Les modèles numériques permettent de proposer des scénarios, mais ceux ci comportent de grandes incertitudes, que ce soit pour la vitesse ou l’amplitude de la fonte de la calotte du Groenland et de l’Antarctique à l’horizon 2100 (GIEC, AR6). Un moyen de progresser sur cette question est d’utiliser les carottes de glace pour reconstruire le volume de glace du Groenland et de l’Antarctique lors des épisodes interglaciaires passés, en particulier au cours des périodes qui étaient de l’ordre de 1.5°C (Eemien, 125 ka) à 3°C (Pliocène) plus chaudes que la période préindustrielles. Via son expertise sur les nucléaires cosmogoniques, qui permettent de dater l’absence et la présence de glace sur un substratum rocheux, le CRPG participe à plusieurs projets internationaux visant à exploiter la base des carottes glaciaires pour reconstruire le volume du Groenland au cours du temps: Projet NSF financé sur la matériel sous glaciaire de Camp Century (PI. P. Bierman) ; Projet H2020 Beyond Epica Oldest Ice (PI C. Brabante, PH Blard co chair du consortium « glace basale et géologie »; Projet ERC Synergy soumis (coPIs PH Blard, D. Dahl-Jensen and F. Fripiat); Projet ANR TOBE (co PI F. Parrenin, PH Blard, M. Baroni). CYCLA s’inscrit ainsi dans deux projets d’envergure à l’échelle européenne et mondiale : les projets Byrd et BEYOND EPICA OLDEST ICE.


Membres impliqués : Pierre Bouilhol, Pierre-Henri Blard, Guillaume Paris

L’origine et l’évolution de l’atmosphère et de l’hydrosphère terrestre sont des questions fondamentales. Elles occupent à ce titre une place particulière au CRPG et l’analyse de roches anciennes, de l’Archéen au Phanérozoïque, permet de remonter à des signaux isotopiques qui nous renseignent sur les environnements très anciens, sur les sources et puits des volatils atmosphériques, et les processus les affectant. Ce volet regroupe des approches isotopiques et pétrographiques, avec des développements instrumentaux conséquents comme l’étude de l’3He extraterrestre.

Hyperthermaux

Un certain nombre de crises caractérisent le Phanérozoïque, notamment les hyperthermaux, objets d’étude importants pour comprendre les conséquences d’un réchauffement rapide de notre planète, ou encore les évènements d’anoxie océanique. CYCLA va se focaliser sur différents aspects. Tout d’abord, l’analyse de la dynamique et de l’origine des cycles marno-calcaires et des grandes crises bio-sédimentaires (PETM, OAE2, Toarcien) sera améliorée notamment via le développement d’un « sédimentomètre » haute résolution basé sur l’3He extra-terrestre (bourse de thèse demandée sur un de ces sujets). Ensuite, un volet portera sur l’étude du cycle du soufre au PETM. Le PETM est un épisode de réchauffement rapide pour lequel des variations rapides du δ34S de l’océan ont été documentées à partir des barytines océaniques, ce qui a des répercussions importantes sur la reconstruction du niveau d’oxygénation de l’océan. Il est nécessaire de savoir si cette variation n’est présente que dans la zone minimum d’oxygène ou bien si elle se retrouve dans toute la colonne d’eau afin de bien cerner les enjeux paléoenvironnementaux liés à l’hyperthermal du PETM.

Géodynamique et cycles des éléments volatils en surface

Finalement, deux volets viennent compléter l’étude du cycle du carbone à l’échelle du Phanérozoïque. Tout d’abord, l’étude des Serpentinites de Ultra-Haute Pression a pour but d’améliorer la compréhension de l’importance des serpentinites dans le budget élémentaire des zones de subduction, notamment en ce qui concerne le Bilan carbone. Cette étude couplera étude de terrain (Alpes et Himalaya), pétrologie et géochimie. Enfin, si la surrection de l’Himalaya joue un rôle essentiel dans l’évolution « récente » du climat, les premières étapes de la formation de cette chaîne de montagne ont également contribué à faire évoluer le climat et la composition océanique au cours du Cénozoïque. Il s’agit ici de comprendre le recyclage du carbone et du soufre à l’échelle de la convergence Inde-Asie pour caractériser les processus de dévolatilisation du slab téthysien et de sa corrélation avec les perturbations du signal climatique cénozoïque. Cette étude couplera étude de terrain (Alpes et Himalaya), pétrologie et géochimie, combinés à des modèles numériques, dans le but de caractériser et quantifier le cycle du carbone pendant les stades de subduction intra-océanique et collisionnel et comprendre à quel point le cycle du soufre a pu être impacté. 

Histoire des impacteurs

Pour compléter le tout, l’3He extra-terrestre est un développement en cours qui vise à mettre en œuvre la recherche des impacteurs au cours des temps géologiques. Obtenir une série temporelle sur ces évènements permettra de mieux caractériser leur impact sur la biosphère et le climat.


Membres impliqués : Bernard Marty, Emilie Thomassot, Guillaume Paris

La Terre anoxique

Notre groupe a travaillé sur l’enregistrement des environnements passés (atmosphère, hydrosphère) à partir de l’analyse d’échantillons anciens (barytine, inclusions fluides de quartz hydrothermaux, matière organique) ayant piégés des traces de gaz nobles et d’azote. Nous avons mis en évidence l’évolution de la composition isotopique du xénon atmosphérique durant l’Archéen, qui est le second traceur, après le fractionnement indépendant de la masse du soufre, à montrer une évolution temporelle de l’atmosphère durant les premiers milliards d’année de notre planète (Avice et al., 2018, 2017). L’évolution isotopique du xénon, qui semble s’arrêter au début du Protérozoïque, est dûe à son échappement dans l’espace suite à son ionisation par les photons solaires, les autres espèces atmosphériques n’étant pas affectées. Cette première ouvre la voie au traçage des interactions Soleil-Terre sur des périodes géologiques (Avice and Marty, 2020). En retour, la courbe d’évolution du Xe atmosphérique peut permettre de dater la matière organique archéenne (Bekaert et al., 2018, 2020). Enfin, les rapports isotopiques de Ar et Xe de l’atmosphère archéenne suggèrent un épisode massif de magmatisme juste avant le Great Oxydation Event (déficit en 129Xe), qui pourrait avoir été l’un des déclencheurs de ce changement environnemental majeur (Marty et al., 2019).

L’analyse de l’azote paléo-atmosphérique dans des inclusions fluides piégées dans des quartz archéens a permis (i) de contraindre la paléo-pression de N2 à l’Archéen, qui s’est avérée de façon surprenante inférieure à l’actuelle, ouvrant la possibilité de mieux comprendre le cycle de cet élément dans les temps anciens, et (ii) de montrer que la composition isotopique de l’azote atmosphérique n’a pas varié depuis 3,5 Ga, impliquant l’existence d’un champ magnétique conséquent depuis cette période (Avice et al., 2018; Marty et al., 2013). Nous souhaitons explorer les variations de la pN2 atmosphérique au cours de périodes plus récentes.

A l’Archéen, des processus existent qui génèrent des signatures isotopiques du soufre particulières (Δ33S non nuls), interprétées comme le reflet de réactions photolytiques se déroulant dans une atmosphère dépourvue d’oxygène, générant du soufre oxydée avec un Δ33S négatif et du soufre réduit avec un Δ33S positif. Cependant, seul le soufre réduit a été analysé pour la plus grande part de l’Archéen. Les rares sulfates analysés, tous plus vieux que 3,2 Ga, proviennent de minéraux dont l’origine est complexe. Suite à la première étude des sulfates en trace présent dans les carbonates Archéens, démontrant qu’à l’Archéen supérieur, les sulfates se caractérisaient par des Δ33S positifs, nous avons décrypté les mécanismes de préservation des signatures isotopiques dans la plateforme de Campbellrand (Paris et al., 2020) tandis que l’étude de rivières modernes traversant le craton archéen Canadien suggère que la croûte avait une absence d’anomalie isotopique (Δ33S=0 ‰, Torres et al., 2018). Ces travaux confortent l’hypothèse selon laquelle la disparition de multiples anomalies isotopiques du soufre dans les sédiments fournit un indicateur fiable du moment de la première augmentation de l’oxygène atmosphérique.

Enfin, L’analyse d’échantillons irradiés par activation neutronique de quartz archéens nous a permis de déterminer la salinité des océans il y a 3,3 Ga grâce à l’analyse couplée des halogènes et des gaz nobles. La teneur en Cl était similaire à l’actuelle mais celle en K était ~40 % inférieure, du fait d’une masse continentale moindre (Marty et al., 2018).

La Terre du Précambrien au Cénozoïque

Le cycle du soufre a été étudié à différentes époques du Phanérozoïque. Comprendre les changements et les mécanismes de contrôle de la variabilité du δ34S de l’eau de mer au cours des temps géologiques est un objectif important, notamment à cause du couplage entre le cycle du carbone et le cycle du soufre. Le début du Cénozoïque demeure énigmatique de ce point de vue dans la mesure où le δ34S de l’eau de mer semble découplé du δ13C de celle-ci. Nous avons produit un nouvel enregistrement du δ34S basé sur l’utilisation des CAS (Carbonate associated sulfate) présents dans la calcite de foraminifères planctoniques en travaillant sur des tests d’échantillons mono-spécifiques (Rennie et al. 2018). Les cycles du carbone et du soufre tels qu’enregistrés par leurs isotopes, ne sont pas totalement découplés durant la première moitié du Cénozoïque. Nous suggérons une modification du lieu d’enfouissement de la pyrite depuis des environnements épicontinentaux peu profonds vers l’océan ouvert aux environs de -53 millions d’années. Ce changement correspond aux réorganisations tectoniques concomitantes au démarrage de la collision Inde-Asie. Des recherches sont en cours sur la limite Crétacé-Paléogène dans le cadre de la thèse d’Arbia Jouini au CRPG.

Les strates de l’époque paléozoïque tardive du récif du Capitan, dans l’ouest du Texas, montrent une hétérogénéité en δ34S dépendant des faciès sédimentaires. Cependant, les processus diagénétiques peuvent influer sur la composition isotopique du soufre du sulfate associé au carbonate (Present et al., 2019). Ces processus modifient la composition isotopique du soufre du sulfate incorporé provenant d’eau de mer sous forme de dépôt dans les paramètres de dépôt de la crête, du plateau extérieur, de la marge du plateau et de la pente.

Afin de mieux comprendre les effets isotopiques associés à l’incorporation de sulfate dans des minéraux carbonatés, nous avons précipité de la calcite et de l’aragonite inorganiques sur une plage couvrant plus de deux ordres de grandeur de la concentration en sulfate de sodium et de la vitesse de précipitation. Le fractionnement isotopique du soufre entre le CAS dans la calcite et le sulfate aqueux varie entre 1,2 et 3,6 ‰ dans les conditions expérimentales. Le fractionnement de l’aragonite est de 1,0 ± 0,3 ‰ et apparaît indépendant de la concentration en sulfate (Barkan et al., 2020). De nouvelles données isotopiques S et Ca ont également été acquises sur un nouveau jeu d’expériences (article en préparation).

Vie du thème

Gabriel Fénisse – Direction David Bekaert, Pierre-Henri Blard, Aurélien Quiquet (LSCE)

Blandine Godet – Direction Pierre-Henri Blard, Guillaume Suan (LGL-TPE), Baptiste Suchéras-Marx

Junfei Chen – Direction : Albert Galy

Ayoub Khelili – Combinaison de traceurs géochimiques pour reconstruire les trajectoires de contaminants dans un bassin versant anthropisé.
Direction : Christophe Cloquet

Aswin Tachambalath – Erosion, Alteration and Paleo-weathering in the Himalaya
Direction : Christian France-Lanord

Arbia Jouini – 2023

Perturbations du cycle du soufre et du calcium à la limite Crétacé-Paléogène

Xiaobai Ruan – 2023

Geochemistry in weathering reaction associated to bedrock landslides in SE Tibet

Nina Bothamy – 01/10/2020

Fractionnement anthropique et naturel des isotopes stables du néodyme (Nd) dans l’environnement

Imene Bedja – 06/09/2021

Étude isotopique du cycle biogéochimique du magnésium à haute précision : Impact de la biologie terrestre

ERC Green2ICE (PI : Pierre-Henri Blard)

Beyond Epica (co-porteur : Pierre-Henri Blard)

ANR Gi-NOAH (Porteur : Albert Galy)

ANR Himalfan (Porteur : Christian France-Lanord)

ANR INTOC (Porteuse : Laurie Reisberg)

ANR HUNIWERS (co-porteur CRPG: Guillaume Paris)

 
Cafés CYCLA à venir :

mai 2024
Date et heure Description
7 mai 2024
10:00
Café CYCLA Mathieu Daeron (LSCE)
Mathieu Daeron (LSCE) nous propose un séminaire, où il nous présentera ces travaux qui portent sur les “Anomalies isotopiques dans le CO2 et les carbonates: métrologie, interprétation et application aux sciences de la Terre”, et plus précisément sur la métrologie de l’oxygène-17 par spectro laser. Venez nombreux !

Cafés CYCLA passés :

février 2023
Date et heure Description
7 février 2023
14:00
Sylvain Pichat (LGLTPE – Max Planck Institute for Chemistry)

Reconstruction des déplacements méridiens des vents d’ouest au-dessus de l’océan Atlantique austral au Quaternaire :
implications sur la pression atmosphérique de CO2

 

Dans l’océan Atlantique austral, la position méridienne et l’intensité des vents d’ouest (“South Westerlies”) contrôlent 1) la stratification verticale de l’océan et 2) les apports de fer, micronutriment limitant la productivité biologique au nord du front polaire. Le premier facteur influence la remontée de CO2 des eaux profondes et son relargage dans l’atmosphère. Le second régule la pompe des tissus mous qui soustrait du CO2 de l’atmosphère. Lors du Quaternaire, 40 à 50% des variations glaciaires/interglaciaires de la pression atmosphérique de CO2 (pCO2) pourraient être expliquées par un changement de position et d’intensité des South Westerlies. Cependant, la temporalité et l’amplitude des déplacements méridiens de ces vents restent largement débattues.

Reconstruire l’origine des poussières est l’un des rares moyen de suivre l’évolution les circulations atmosphériques dans le passé. Dans le cadre d’une collaboration internationale, nous avons étudié deux carottes sédimentaires de l’océan Atlantique austral : ODP1090 (42°55’S, 8°54’E, 3702m) et MD07-3076Q (44°9’S, 14°14’W, 3770m) afin de reconstruire les circulations atmosphériques à l’échelle glaciaire/interglaciaire et lors d’événements abrupts, comme le Maximum Isotopique Antarctique 8 (AIM 8). Nous utilisons les isotopes radiogéniques du Pb, Sr et Nd dans la fraction détritique fine du sédiment comme proxy de la provenance des poussières. A l’échelle glaciaire/interglaciaire, nous montrons que les compositions isotopiques varient avec le flux de poussières. Cette observation indique un changement de la contribution relative des sources de poussières qui se déposent en Atlantique austral. Nous montrons que, lors des périodes froides, la Patagonie contribue jusqu’à 75% du flux de poussière. Lors des périodes chaudes (LGM, MIS 5), ce flux est constitué entre 40 et 70% de matériel issu du haut plateau du Puna (Argentine). Ces variations permettent de confirmer le déplacement vers le nord des “South Westerlies” lors des périodes froides suggéré par des approches indirectes sur la fertilisation ou la stratification des océans. Durant l’événement abrupt de l’AIM8, une troisième source contribue aux apports de poussières : les hauts plateaux de l’ouest de l’Argentine, au sud de la région du Puna. Ces résultats indiquent que les “South Westerlies” migrent vers le sud par rapport à leur position glaciaire ou froide. Ce déplacement induit une diminution des apports de fer au nord du front polaire qui réduit l’activité de la pompe des tissus mous, ainsi qu’une diminution de la stratification verticale de l’océan austral, ce qui intensifie le rejet de CO2 stocké dans l’océan profond vers l’atmosphère. Ces phénomènes peuvent expliquer l’augmentation de la pCO2 de ca. 30 ppmv durant les Maximums Isotopiques Antarctiques.

janvier 2023
Date et heure Description
24 janvier 2023
13:00
Erica Erlanger (CRPG/GFZ)

Lithology and Tectonics: Building the inorganic carbon budget of a young  mountain range

Erica Erlanger, Aaron Bufe, Guillaume Paris, Ilenia D’Angeli, Luca Pisani, Preston Kemeny, Jessica Stammeier, Negar Haghipour, Niels Hovius

Résumé: Mountain building has classically been linked with CO2 drawdown from chemical weathering of silicate minerals in the critical zone, although recent views on mountain building recognize the importance of rock-derived CO2 emissions from the weathering of petrogenic organic carbon and inorganic carbonate. However, the focus on near-surface weathering reactions within the orogenic carbon factory does not consider the emission of metamorphic CO2 from subduction processes in the deep crust and mantle. Such deep carbon sources could dwarf the surficial drawdown and release of carbon, in particular in actively extending mountain ranges that subduct large volumes of carbonate rock. Thus, accounting for weathering processes at depth and in the critical zone in parallel is crucial to fully assess how mountain-range uplift impacts the carbon cycle. Here, we quantify the exchange of CO2 between rock and the atmosphere from subduction-related processes and from critical zone weathering reactions in two major river systems in the central Apennine Mountains of Italy. The catchments straddle a geodynamic gradient across the subduction zone that is expressed as changes in surface heat flow and crustal thickness, whereas climatic boundary conditions are relatively constant.  At the regional scale, we find that metamorphic CO2 sources outpace critical zone inorganic carbon sources and sinks by 2 orders of magnitude above a window in the subducting slab that is characterized by high heat flow and low crustal thickness, and could have driven efficient degassing over the last 2 Ma. In contrast, surficial weathering processes dominate the carbon budget where crustal thickness is greater and heat flow is lower. Importantly, the difference in metamorphic degassing fluxes across the geodynamic gradient is multiple orders of magnitude larger than the difference in critical zone weathering fluxes. Thus, modulations of metamorphic decarbonation reactions are the most efficient process by which tectonics can regulate the inorganic carbon cycle in the Apennines. Both near-surface and deep sources of CO2 must be considered when constructing the carbon budget of orogenic systems that include the subduction of carbonate rock.

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